J'enseigne depuis un an : So what ?

Bah je critiquerai plus la génération Z lol.

J’ai eu beaucoup moins de temps pour rédiger mes newsletters dernièrement, et ça se ressent dans l’écriture. Enfin, moi je le ressens et ça me frustre.

Mais en même temps, à quoi c’est dû ?

Vous le savez pour ceux qui suivent ma newsletter depuis le début de l’année mon objectif 2024 c’est qu’écrire devienne une partie de mes habitudes, et que j’écrive un livre d’ici à la fin de l’année.

Mais là, de mars à avril, j’aurais donné énormément de cours en école :

-Deux jours de cours ayant pour thème “Stratégie et financement de l’innovation”. X 2 car je suis intervenue auprès de deux classes, ça fait 4 jours.

-6 jours de cours en Stratégie de Marque, dont un cours spécial sur la stratégie de crise et la communication de crise.

-Un jour sur “l’art du pitch”

-Deux cours sur la création d’entreprise

-4 cours de pop philosophie (dont une balade dans Paris).

-3 jours à être jury

Sur quarante jours ouvrés, ça en fait 18 d’occupés à donner des cours, sans compter évidemment le temps de préparation et les corrections.

FORCEMENT QUE J’ECRIS PAS !

Mais alors, dois-je arrêter de donner des cours pour tenir mes résolutions ?

Moi à la rentrée de septembre 2023

Eh bien… Malgré tout ça, je me rends compte que non, je pense que je dois juste m’y prendre différemment.

Pourquoi ?

1. Ca m’a donné l’occasion de mieux maîtriser les sujets sur lesquels je conseille mes clients

Au fond, faire du conseil c’est facile. Mes clients paient car ils trouvent ce que je dis intéressant, et ils m’écoutent car ils veulent mes conseils.

C’est très différent avec mes étudiants, qui pour la plupart se retrouvent là parce qu’un responsable pédagogique a estimé que moi j’étais intéressante.

Seulement, eux, ils n’ont aucune preuve que je suis bonne. Alors, pourquoi ils le feraient ?

A moi de leur démontrer que ça vaut la peine d’être écoutée.

Pour ça, j’ai dû beaucoup travailler le fond de mes cours. Aller rechercher des informations quand certains me posaient des colles sur des questions très pointues. Ne pas faire que du théorique et leur trouver des exemples pour les amener à se projeter.

Tout ça fait qu’au final, je pense que je suis devenue une meilleure conseillère. Cet article par exemple est complètement tributaire de mes échanges avec les M2 (d’ailleurs dédicace à toute la classe si vous me lisez, ça a vraiment été un plaisir incroyable de vous apprendre des choses).

En tant que conseillère de confiance mon taff c’est de pouvoir aider les entrepreneurs du mieux que je peux. Alors… Si je suis plus affûtée sur certains sujets, c’est mieux, non ?

2. Ca m’a poussé à améliorer mon style oratoire.

J’ai toujours détesté l’école. Devoir rester assis le cul sur une chaise pendant 8H, quelle horreur quand j’y repense. J’ai eu de la chance d’avoir de bons professeurs (excellents même), mais j’ai toujours détesté la discipline scolaire. Les fameux “deux par deux, main dans la main”, très peu pour moi.

Du coup ça fait qu’en arrivant en tant que prof, bah forcément, j’étais tenue à la cohérence : dur d’user de l’arme disciplinaire sur les étudiants quand soi-même on a toujours détesté ça.

Alors ça m’a amené à réfléchir à comment capter l’attention :

-En racontant des histoires. La moitié de mes cours sont dans des formats type “jeu de rôle”, où les étudiants doivent utiliser des éléments du cours pour résoudre des situations. En bonne rôliste j’ajoute même des super pouvoirs (la capacité de remonter le temps, ou de pouvoir arrêter le temps pour m’invoquer pour leur donner des conseils).

-En créant de la tension et une saine émulation : à une question donnée, les étudiants doivent apporter leur propre réponse et pour cela, utiliser des éléments du cours qu’ils viennent d’avoir.

-En les sortant hors de leur élément.

-En les poussant à me tutoyer et à me voir comme “une professionnelle parlant à de jeunes professionnels”.

Autant de choses qui ont permis d’établir une relation de confiance en poussant les étudiants à se poser de meilleures questions… Et à y trouver les réponses par eux-mêmes.

POV Tu débutes un cours sur la création d’entreprise avec moi

3. Ca a développé mon empathie… (et c’est peut-être le point le plus important).

J’ai subi pas mal de harcèlement scolaire. Et c’est sans doute ça qui fait que je n’aimais pas l’école. J’ai mis beaucoup de temps à revenir dessus (notamment en thérapie cette année), et à “passer à autre chose”.

Le fait est que parmi mes étudiants, j’en ai aussi beaucoup qui se sont ouverts à moi sur ce sujet. Qui m’ont confié leurs histoires personnelles.

J’ai entendu des histoires terribles, et j’ai été honorée que des étudiants placent leur confiance en moi pour les écouter.

Je n’aurais jamais pensé que ça m’arriverait un jour.

Pour moi qui à la base arrivait un peu à reculons (le discours sur la génération Z “qui n’en fait qu’à sa tête”, on a beau ne pas y croire, c’est un poncif qu’on retrouve partout), j’ai découvert des étudiants brillants, pas forcément au sens académique du terme, mais qui font de leur mieux pour s’en sortir dans un monde difficile… Pour peu qu’on donne du sens à ce qu’on fait.

Au final, je me suis rendue compte que j’avais peut-être été prompte, après mes premiers cours, à me dire que mes étudiants “s’en foutaient de la philo”.

-Beaucoup m’ont ressorti des éléments de mes cours.

-Certains m’ont dit que je “rendais des choses compliquées simple, et agréables à écouter”.

-L’un d’entre eux m’a dit “j’avoue j’écoute pas beaucoup mais quand j’écoute j’aime bien”.

Au final mercredi un petit groupe m’a offert des chocolats pour “me remercier de l’année passée ensemble.

Qui aurait cru que moi, Cyrielle, 35 ans, je pourrais devenir Great Teacher Cyrielle ?

QUEL BEAU METIER !

Du coup l’an prochain je pense que je donnerai de nouveau des cours… Mais en les étalant dans le temps pour éviter de courir partout pendant deux mois xD !

Et si vous n’avez jamais regardé GTO (Great Teacher Onizuka) où j’ai pompé mes illus, je vous recommande le visionnage de la série sur Netflix. Il y a des côtés un peu datés, mais malgré tout, un Bosozoku (= loubard japonais) qui devient prof, ça vaut le détour <3 !

@+ dans l’bus (et à la semaine prochaine pour de meilleurs articles :) !

Cyrielle