Pourquoi cacher qui vous êtes peut détruire votre boîte.
On va parler du rôle de l'authenticité !
Hello tout le monde, c’est Cyrielle !
Je suis conseillère de confiance des entrepreneurs. Mon but, c’est de permettre aux entrepreneurs de développer une entreprise qui leur ressemble, et qui leur permet d’être libre et indépendant.
Si vous ne me suivez pas encore, voilà ce que vous avez manqué ces dernières semaines :
En ce moment vous aurez remarqué je boucle sur les sujets compliqués.
C'est paradoxal parce que je vais vraiment bien, mais j'en ai un qui m'a sauté aux yeux dernièrement.
Vous voyez, il y a 10 ans, j'ai créé ma première entreprise, VoxWave.
J'avais beaucoup d'idées préconçues sur l'entrepreneuriat. Notamment l'idée qu'il fallait absolument chercher à plaire aux gens, à faire un produit qui plaît, etc.
Et ça me causait beaucoup de souffrances parce qu'évidemment, on ne peut pas plaire à tout le monde.
Plus profondément, ça me poussait à modifier ma façon d'être et à dissimuler qui j'étais. Pas étonnant que tout ça ait fini par m'exposer au visage et à amener des changements radicaux dans ma vie : à force de le comprimer, le diable a fini par jaillir de la boîte.
Cela offre un contraste saisissant avec ma façon d'être aujourd'hui ou à l'inverse, j'ai l'impression de cacher à chaque fois un peu moins de choses de moi. What you see is what you get.
J'en retire un confort moral évident, parce que ça fait que je ne travaille qu'avec des clients qui aiment ma façon d'être, et d'avoir une connexion authentique aux gens.
Au-delà de tout ça, je pense vraiment que cacher qui vous êtes peut nuire à votre développement entrepreneurial. Voici pourquoi :
I. Le manque d'authenticité : les gens le sentent.
A) Comment ça se manifeste ?
Quand vous cachez qui vous êtes, les gens le sentent.
Ca donne une vibe un peu creepy du coup.
Je me cachais comment ?
Et bien par exemple, j'essayais toujours de faire plaisir aux autres, quoi qu'il arrive. Lorsque je tenais un stand en convention, j'essayais au maximum d'être une personne divertissante pour les autres.
Rappelons qu'à l'époque notre logiciel de synthèse de chant ne fonctionnait vraiment pas aussi bien qu'on l'espérait.
Donc évidemment, lorsque quelqu'un s'arrêtait sur notre stand, et qu'il écoutait un titre d’ALYS, le retour fréquent c'était quelque chose du type :
-Ah mais quand même, faut qu'elle articule la miss, on comprend rien alors que là on s'attendrait à comprendre.
Et moi de me confondre en commentaires gênés, à m'excuser du caractère imparfait de notre produit.
Dans le meilleur des cas, ça amenait une discussion intéressante sur la technologie. Dans le pire, on se faisait pourrir par des gens qui détestaient l’idée même d'une chanteuse virtuelle.
Monumentale erreur.
Parce qu'en réalité, en faisant ca, je m'épuisais à avoir l'air sympa quoi qu'il arrive.
Aujourd'hui, je vois bien que c'était un problème de maturité technologique : quand on écoute des chansons récentes d’ALYS la qualité s'est drastiquement améliorée (et l'équipe qui a travaillé dessus a fait un énorme travail).
On avait à l'inverse des fans qui eux aiment ce qu'on fait “quoi qu'il arrive”, et avec qui on a construit un truc génial au fil du temps.
La vérité, c'est que je peux être aussi quelqu'un d'un peu cassant et sarcastique quand on me provoque.
C'est contre intuitif mais je dissimulais toujours cette facette de moi. Là où j'aurais pu envoyer une punchline, je m'en privais pour garder les apparences.
C'était épuisant.
Et… ça m'empêchait de développer la meilleure relation possible avec les fans d’ALYS.
C'était purement et simplement du parasitage.
B) Comment remédier à ça : porter haut ses valeurs.
Aujourd'hui je ne m’embarrasse plus de ça : j'écris comme je parle, je parle comme j'écris, et j'essaie avant tout de rendre heureuse des gens qui ont choisi d'avoir recours à moi parce qu'ils croient aux valeurs que je porte également.
Avec ALYS, c'est la croyance que la technologie et la création artistique forment un formidable outil d'émancipation de l'individu.
Avec mon activité de conseil aux entrepreneurs, la croyance que l'entrepreneuriat est un moyen d'accéder à un niveau d'existence où l'on peut être libre, heureux, et aligné.
Ça m'amène à avoir une conscience claire de ce que je porte et de ce que j'apporte.
Exemple : On me demande souvent si ça ne me gêne pas de donner tous mes conseils gratuitement par ma newsletter, et on me recommande de faire payer.
Sauf que ça, je n'y crois pas.
Ce pour quoi je veux être payée, c'est pour consacrer 100% de mon énergie à résoudre les problèmes d'un de mes clients lors de nos rendez-vous.
Parce que c'est là où j'apporte de la valeur.
Parce que je pense qu'on vit dans une ère où ce n'est pas l'information qui a de la valeur, mais la capacité à utiliser cette information correctement dans le bon contexte.
C’est donc en affirmant ce en quoi je crois que je trouve mes clients, plutôt qu’en réfléchissant in abstracto à ce que j’aimerais avoir comme client.
II. Jongler entre les rôles : une perte d'énergie.
A) Comment ça se manifeste ?
Cacher qui on est est plus facile au début.
Tu aimes ma personnalité ou tu aimes celle que j’ai créée pour toi ? Tel Metamorph, je change de forme tout le temps… Et c’est pas ouf.
Surtout quand on a des traumatismes liés au harcèlement scolaire, on prend l'habitude.
Ca a beaucoup contribué à ma réussite scolaire évidemment : ne pas dire ce qu’on pense, prendre le temps d’observer, imiter les codes de langage, les attitudes physiques. Quand on arrive dans un nouvel environnement comme Henri IV ou l’ENS c’est pratique.
Et puis… on se rend vite compte que ce n’est jamais assez.
Un jour, à l’ENS, je discutais avec la personne qui suivait ma scolarité.
-Et donc vu que tu es passionnée du Japon, tu y pars cet été ?
-Ah non, je vais partir en camping avec mes parents.
-Ah, c’est vrai que j’oubliais que toi t’étais comme ça…
“Ca”. Je n’ai jamais su ce que ça voulait dire.
Mais j’ai compris que ça n’était pas positif.
Que ça voulait dire que je ne ferais jamais partie du groupe des normaliens.
Que pour certaines personnes de cette école, je serais toujours une fille de prolo et une prolo qui n’aurait pas sa place.
Mon seul regret à l’époque ? Ne pas l’avoir envoyé se faire voir comme il le méritait, et baisser la tête.
Alors évidemment quand j’ai créé ma boîte, je jonglais sans arrêt.
Entre la personne que j’étais en privé et la personne que j’étais en public, il y avait un écart dans lequel je ne me retrouvais pas.
L’impression de porter en permanence un masque, de devoir préparer chaque interaction.
Si je ne le faisais pas et que je ne savais pas à quoi m’attendre, aussitôt, l’anxiété sociale m’envahissait.
Autant dire que je cramais toute mon énergie à essayer d’anticiper ce qui allait se passer.
Est-ce que ça vous parle ?
Moi, ça a bien failli avoir ma peau : je ne savais plus qui j’étais.
Et à force ça m’a créé de l’angoisse. Le dimanche soir, je sentais la boule au ventre monter, le stress de recommencer le lundi.
Et puis, aussi, je me couchais tout le temps terriblement tard, j’étais épuisée. Comme si la nuit je rattrapais “le temps perdu à ne pas être moi” en journée.
B) Comment y remédier : apprendre les codes… et oser les briser.
Lorsque je me suis relancée en 2022, je voulais faire les choses différemment : maintenant, je maîtrisais tous les codes du monde corporate. Le look tailleur / jupe, la façon d’éviter certains sujets gênants, l’attitude sérieuse etc…
Et puis ça m’a saoulée et j’ai envoyé tout ça valser.
-J’ai gardé les tailleurs, mais je me suis mise à privilégier mon tailleur rose flashy (que j’adore haha).
-J’ai pris l’habitude de mettre les pieds dans le plat, de dire ce que je pense, et de l’argumenter.
-J’ai choisi de communiquer par l’humour, parce que… parce que je ne sais pas faire autrement, c’est qui je suis finalement.
J’ai choisi de parler ouvertement du lien entre ma féminité, ma transidentité, ma neuroatypie, et l’entrepreneuriat, plutôt que d’être derrière le très fade “tout ça c’est de la vie privée, ça n’impacte pas la vie professionnelle” (le plus gros MYTHO que j’ai entendu de ma vie).
Finalement, ça fait que je suis une conseillère qui respecte très peu les codes habituels de l’entrepreneuriat. Sans compter les expressions familières voire grossières que je balance chaque fois que je communique.
Ca a une conséquence très heureuse pour moi : les gens qui détestent ça le détestent franchement (ça ne se voit pas en ligne, mais j’ai déjà eu des échanges houleux en direct avec d’autres), et les gens qui aiment ça l’aiment vraiment.
Vous aimeriez faire pareil mais vous avez peur des conséquences ?
Dans mon cas, je me suis dit qu’au final, je préférais me planter et avoir essayé de le faire comme ça, qu’avoir développé un service générique vendu de façon générique, que me perdre à nouveau.
Et finalement, je suis en train de me trouver, tout en ayant des clients géniaux qui m’apportent énormément.
Le code que vous ne pouvez pas briser, c’est celui que vous devez briser car c’est en le faisant que vous montrerez le vrai vous.
Vraiment, ça vaut le coup !
III. Le doute interne permanent fera de vous une proie.
A) Comment ça se manifeste ?
C’est la partie la plus cauchemardesque.
Tu peux peut-être dissimuler qui tu es, mais quelqu’un finira toujours par voir au fond de toi.
Avec ma première boîte, une personne, la fameuse Louise (que j’ai évoquée ici), savait qui j’étais véritablement au fond.
Louise, c’était une amie proche, que j’ai recrutée, et qui pour finir m’a fait le prud’hommes qui m’a ultimement amenée à liquider ma boîte.
Elle pouvait, à tout moment, le balancer à mon entourage.
Et elle suggérait parfois qu’elle pouvait le faire.
Au fond, implicitement, c’était le levier qu’elle utilisait pour me faire plier. Pas vraiment me faire chanter. Mais simplement asseoir son emprise sur moi.
C’était peut-être inconscient chez elle, en réalité.
Mais dans mon cas, c’était une pensée qui revenait régulièrement.
Au fond, c’est ce doute qui a tué VoxWave.
Et c’est ce doute qui tuera peut-être la vôtre.
C’est aussi simple que ça.
B) Comment y remédier : ne jamais se cacher et développer une sécurité intérieure.
C’est le point essentiel qui gouverne tout le reste.
Et je l’ai mis à la fin pour les chanceux qui lisent les articles jusqu’au bout.
Votre entreprise ne vous mènera nulle part ailleurs qu’à la ruine personnelle si vous n’apprenez pas à résister aux chocs que les autres vous infligeront.
Pas juste les chocs économiques, les clients qui s’en vont, les concurrents qui font des sales coups.
Tout ça, on peut y survivre.
Mais pour ça, vous devez développer un moyen de gérer vos émotions, et de ne pas vous sentir chamboulé quand ces chocs surviennent.
Et pour ça, assumer pleinement qui on est est essentiel
C’est ça qui vous donne une sensation de sécurité intérieure.
Pour ça il n’y a qu’une seule façon de faire : s’exposer pour se désensibiliser.
A l’époque où je débutais mon emploi salarié, la première fois que je suis allée au bureau en robe et talons, j’étais à 3 mois de traitement hormonal de substitution. Autant dire que j’avais une dégaine de garçon très féminin en robe.
Quand je suis arrivée à la cantine, tout le monde, absolument tout le monde, s’est retourné sur moi. Soit environ 300 personnes.
Et puis… ils ont arrêté.
Sur le moment, j’étais extrêmement mal à l’aise.
Et puis, tout le monde a repris son repas, comme si de rien n’était.
Je venais de faire mon coming out à toute la boîte.
En rentrant le soir, j’ai eu cette réflexion :
-Finalement, je ne suis pas morte en faisant ça. Ca a été inconfortable, mais demain, les gens se seront habitués. Et puis, maintenant, tout le monde sait qui je suis, tu es une superstar. En terme de personal branding, que peut-on rêver de mieux ?
La suite m’a donné raison : qu’on m’aime ou qu’on me déteste, absolument tout le monde savait qui j’étais.
Super pratique, quelle que soit la mission à laquelle on vous affecte.
Autrement dit : ce n’est qu’en montrant pleinement qui vous êtes que vous parviendrez à vous développer pleinement et à vous créer de belles surprises. High risk, High reward.
Conclusion : Pour réussir, bien se connaître et s’aimer est essentiel.
Si vous savez qui vous êtes, Sun Tzu dit dans l’art de la guerre que vous vous assurez la victoire une fois sur deux. Et c’est en sachant qui est la personne en face de vous que vous remporterez la victoire à coups sûr.
De mon côté, j’ai rencontré depuis deux ans des gens absolument incroyables, et je sais que je les ai rencontré en m’affichant pleinement pour qui je suis. Ca me conforte dans la position que je vous partage aujourd’hui.
Là où je suis en désaccord avec Sun Tzu, c’est qu’il affirme que si on connaît l’autre sans se connaître soi-même, on perdra une fois sur deux.
Je suis pour ma part convaincue que si on n’est pas authentique, si on ne se connaît pas soi-même profondément, si on n’exprime pas qui on est, c’est là qu’on se voue à l’échec.
C’est là que les papillons surgiront dans la nuit pour venir tenter d’éteindre votre lumière.
C’est dommage, car affronter cette plus grande peur peut tellement vous apporter.
On se laisse là-dessus pour aujourd’hui ? Et on parlera une prochaine fois de comment affronter la forteresse.
@+ dans l’bus !
Cyrielle